Chris et Manu sont deux patrons “à part” dans le monde libertin, unanimement respectés par tous les directeurs
d’établissements. Le libertinage tel que vous le connaissez n’existerait pas sans eux, et ce qu’ils ont du traverser. Chris nous a reçu au “Chris et Manu 2”, rue saint Bon. En nous faisant
visiter son club aussi célèbre par sa réputation que discret dans sa communication, elle est revenue pour nous sur les grandes étapes de sa carrière.
Vous faites figure, Manu et toi, de pionniers dans le métier.
Oui, nous avons ouvert notre premier club en 1981. A l’époque, il n’y avait à Paris que le 10 Bis, et les Marronniers. En banlieue, il y avait le Roi René, et c’était tout.
Quel était, à l’époque, le contexte politique ?
Les clubs étaient interdits. Nous avons ouvert Chris et Manu en 1981, Chris et Manu 2 en 1983, date à laquelle nous avons eu des problèmes. Nos clubs ont été fermés, nous avons été condamnés à
une semaine de prison. Quand l’enquête a révélé qu’il n’y avait ni prostitués ni mineurs chez nous, nous avons été relaxés. Le procureur, qui n’était pas d’accord, a fait appel. Et nous avons été
relaxés une deuxième fois. Le procès a alors fait jurisprudence.
Les autres clubs ont-ils été également inquiétés ?
Nous avons tous eu des problèmes. Le Cléopâtre, qui a ouvert en même temps que nous, a été inquiété. De même que Denise, qui tenait à l’époque le 106. Ils ont tous deux été relaxés grâce à
nous.
Sous quels chefs d’accusation avez-vous été condamnés ?
Incitation à la débauche, proxénétisme aggravé… Il a fallu prouver que nous n’allions chercher personne à l’extérieur, que nous n’étions pas une maison close !
Le libertinage est aujourd’hui plutôt jeune et branché… à l’époque, la clientèle était plus bourgeoise ?
C’était beaucoup plus sympa à l’époque. Les femmes venaient en robe longue. Aujourd’hui, les gens sont moins élégants. Mais il faut comprendre que ces mœurs n’étaient pas répandues. Par exemple,
les gens ne se déshabillaient jamais complètement. On avait toujours peur d’une descente !
Comment en êtes-vous venus à créer un club échangiste ?
Nous étions nous-même échangistes. Nous avions à l’époque une entreprise de chauffage et climatisation. Nous nous sommes associés avec un ami pour monter notre premier club. C’était en 1979. Et
deux ans plus tard, nous avons volé de nos propres ailes, Manu et moi.
Que pensez-vous de la multiplication actuelle des clubs ? Y-a-t-il trop de concurrence ?
Non, on ne peut pas vraiment parler de concurrence, chaque club a son style. Par exemple, les discothèques libertines, je trouve ça très bien, du moment que les patrons sont professionnels. Du
moins, pour un certain type de clientèle. Ici, les gens aiment danser, mais aussi baiser !
Qu’est-ce qui différencie les deux Chris et Manu ?
Chris et Manu 1, rue de la Rochefoucault, est un club mixte qui n’est ouvert que l’après-midi. Chris et Manu 2, rue Saint Bon, est réservé aux couples. Beaucoup de couples viennent passer une
heure ou deux l’après-midi… Le soir, les couples sont disons... plus légitimes (rires) !
Vous avez une grande renommée, nationale et internationale…
Oui, nous avons des articles dans la presse spécialisée en Suisse, en Angleterre, en Italie… et même aux Etats –Unis ! Nous, nous n’avons jamais rien demandé ! La seule publicité que nous
faisons, c’est dans Pariscope.
Il vous arrive de recevoir des people ?
Oui, mais à la différence de beaucoup d’autres, on ne s’en vante pas !
Comment voyez-vous évoluer l’échangisme ?
Il me semble qu’il ne peut plus y avoir de retour en arrière. A moins que le gouvernement ne l’interdise ! Il faut que les gens comprennent ce qu’est un club échangiste. Ce n’est ni glauque, ni
malsain. C’est un lieu convivial, chaleureux, où l’on se fait des amis.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune couple qui veut monter son club ?
Il faut avoir des relations, connaître le milieu libertin. Il faut fidéliser une clientèle, c’est le plus difficile. Le meilleur moyen pour se faire connaître, c’est le bouche à oreille. Il vaut
mieux avoir un peu de mal à démarrer au début plutôt que d’accepter n’importe qui. Ceux qui viennent et qui sont satisfaits vont en parler . Un couple qui est content en ramènera cinq, un couple
mécontent en fera partir quinze !
Vous n’êtes pas lassée de ce métier ?
Pas du tout… les libertins sont des gens charmants. Si je m’ennuyais, j’arrêterais !
Vous comptez continuer encore longtemps ?
Mon mari dit souvent : “encore deux ans et on arrête”… Cela fait dix ans que j’entends cela !
Propos receuillis par La Chaine Libertine
CHRIS ET MANU
41 rue de la Rochefoucault - 75009 Paris - tél : 01 42 81 00 17
Mixte tous les jours de 14h à 21h, le dimanche de 15h à 21h.
CHRIS ET MANU 2
5 rue Saint Bon - 75004 Paris - tél : 01 47 07 66 66
Réservé aux couples du mardi au sam de 14H à 20H